André CAMPRA (1660-1744)

Organiste, maître de chapelle, musicien de théâtre, créateur de l’opéra-ballet, André Campra est l’une des plus grandes figures de son siècle. Son écriture, qui renouvelle tout ce qu’elle touche, représente une synthèse originale des styles italien et français, qui caractérise le début du XVIIIe siècle.

De son œuvre religieuse, citons le premier livre de Motets (1695), plusieurs messes avec continuo et deux livres de Psaumes mis en musique à grand chœur (1737-1738). Ces œuvres sacrées sont écrites dans un style plutôt contrapuntique, parfois isorythmique, toujours marqué de ses qualités personnelles : mélodie ample  et ornée avec aisance, vocalises jubilatoires, développement thématique, rythme souple (avec prédilection pour le ternaire provençal), chœurs éclatants, harmonie souvent audacieuse, instrumentation fournie et habile. En 1754, le jésuite M.A, Laugier note : « Lalande est un artiste qu’on estime davantage, Campra est un séducteur qu’on aime infiniment » (Apologie de la musique française).

(Pierre-Paul  Lacas, in Dictionnaire de la Musique, les compositeurs, Encyclopædia Universalis).

Le Requiem

Ce Requiem écrit sous la forme d’un grand motet pour deux soprani, haute-contre, ténor et baryton soli, chœur à 5 et 6 parties et orchestre est composé vers 1695. Vrai chef-d’œuvre de la musique sacrée du baroque français, le Requiem de Campra est remarquablement orienté vers l’avenir si l’on considère la date à laquelle il a été composé.

Comme les motets de Delalande écrits vers la même époque, il marque une révolution stylistique dans le grand motet. La musique y est remarquable par la symétrie de sa disposition, avec ses mouvements extrêmes (Introït et Communion) incluant chacun deux chœurs polyphoniques amples et nobles, l’un étant fondé sur le plain-chant, et l’autre utilisant un motif de carillon. Les deuxième et avant-dernier mouvements (Kyrie et Agnus Dei) comportent chacun un chœur homophonique et des instruments obligés accompagnant les solos expressifs. Dans la couche intérieure suivante, le Graduel et le Sanctus incluent deux chœurs homophoniques, tandis que l’Offertoire central en a trois.

L’équilibre général d’une telle conception aide à masquer l’absence de quelques sections significatives du texte complet du Requiem, trait, séquence, Benedictus et post-communion, tous omis. L’œuvre se déroule au travers d’un large cercle de tonalités, aussi disparates que fa min et la maj, au travers de nombreux traits expressifs harmoniques et rythmiques aussi bien que de formations variées faisant appel aux solistes, au petit et au grand chœur. A l’orchestre, on relève un emploi particulier des flûtes, par opposition aux cordes, spécialement comme instruments obligés associés aux voix solistes.

Marc-Antoine Charpentier  (1643 – 1704)

L’enfance de Marc-Antoine Charpentier reste encore une énigme. Lorsqu’il étudia les sciences musicales, son maître de musique, Giacomo Carissimi, lui insuffla une véritable tradition musicale italienne. Influence qui ne lui facilita pas son entrée dans le milieu artistique français. Pendant longtemps, Lully lui fit de l’ombre et l’empêcha d’atteindre les sommets de la gloire musicale. Lorsque Lully rompit ses liens artistiques avec Molière, ce dernier proposa à Charpentier de travailler avec lui.

A partir de ce moment, Charpentier travailla avec des troupes théâtrales pour lesquelles il écrivit des ouvertures et intermèdes. Il devint compositeur de l’Eglise Saint-Louis à Paris puis de la Sainte Chapelle et enfin de la chapelle Royale de Versailles, ce qui lui permit d’avoir une production importante d’oeuvres sacrées.

Il a ainsi montré sa maîtrise de la musique religieuse ainsi que son talent de mélodiste.

Face au Miserere des Jésuites on ne peut que rester sans mot. La version originale, avant que d’être arrangée à l’intention des Jésuites de la Rue Saint-Antoine, fut composée pour le service de la Duchesse. Le meilleur de Charpentier se trouve réuni dans cette longue partition et nous prouve, s’il en est encore besoin, que cet auteur est un des grands compositeurs français du XVIIème siècle.