En 1603, l’impératrice Marie d’Autriche meurt. C’est un des personnages les plus importants de son temps. Elle est la fille de l’empereur Charles Quint, la sœur de roi Philippe II d’Autriche et l’épouse de l’empereur Maximilien II. Femme très raffinée, éprise de poésie, elle avait fait de la musique avec quelques-uns des plus remarquables compositeurs.

T.-L. de Victoria était un musicien de premier plan du XVIème siècle. Il avait bénéficié de l’enseignement de Palestrina à Rome, où il avait occupé de très hautes fonctions musicales ecclésiastiques. De retour en Espagne c’est à lui que l’on fait appel pour l’une des fonctions les plus importantes et prestigieuses. En 1583, Victoria entre au service privilégié de l’Impératrice comme maître de chapelle. Il obtint ainsi de pouvoir se « reposer pendant quelques temps en honnêtes loisirs et pouvoir composer l’âme en contemplation, comme il convient à un prêtre ». Sa fonction l’obligeait notamment à écrire, faire répéter et diriger la musique des services funèbres.

La mort de l’Impératrice fut l’occasion des célébrations funèbres les plus somptueuses jamais célébrées en Espagne jusqu’alors. En 1605, Victoria publia l’Office des défunts pour 6 voix qui est une partie de l’ensemble des pièces chantées principalement lors de la messe des obsèques solennelles. Selon la pratique usuelle de l’époque en Espagne, Victoria fait alterner des parties de plain chant ancien avec sa propre polyphonie, d’ailleurs en partie construite sur un cantus firmus issu du plain chant. Cette œuvre représente aujourd’hui toujours un chef d’œuvre musical et un repère incontournable dans le domaine de la musique écrite pour des célébrations funèbres.